Quand on accueille un enfant, la priorité sera de permettre à l’attachement de se créer, car c’est le lien d’attachement qui aide un enfant à grandir, à avancer. Pour cela, il faudra de la part des parents d’accueil beaucoup de disponibilité, de patience, de temps..
Arrivant dans sa famille d’accueil après souvent plusieurs changements de lieux de vie, et donc de personnes pour s’occuper de lui, l’enfant n’a aucun moyen de savoir si, cette fois, il va pouvoir ‘’poser ses valises’’. Il ne sait pas non plus si ses parents d’accueil vont le traiter bien ou mal. Son histoire lui a appris que les choses pouvaient changer du jour au lendemain, que rien n’était fiable. Bien souvent, il va tester ce nouveau lien, le secouer pour voir s’il est solide. Il va appuyer sur les failles des adultes (par exemple en criant ‘’Tu n’es rien pour moi, je ne t’aime pas’’ à une maman d’accueil qui a besoin de par son histoire de se sentir aimée et se retrouvera insécurisée et en souffrance ; ou en fuyant les câlins, le contact du regard… Il peut aussi se rapprocher fort d’un parent et rejeter l’autre, ce qui peut créer des problèmes de couple. Tout cela se fait inconsciemment : c’est le résultat de la vision des choses que lui ont donnée ses expériences de vie). D’où l’importance pour un parent d’accueil de bien se connaître, de ‘’se réparer’’ au mieux avant d’accueillir, de se réserver des moments de détente et de bien-être pour soi, de garder des moments pour le couple.
Dès l’arrivée de l’enfant en famille d’accueil, ce n’est donc pas en termes d’amour que cela va se passer, mais en termes de CONFIANCE. Être attaché à quelqu’un signifie qu’en cas de détresse, on se tourne vers cette personne pour y trouver un sentiment de sécurité. L’attachement est une question de fiabilité et non d’amour. Il naît à partir de la réponse à la détresse. Si la réponse au besoin qu’il exprime est rapide, affectueuse, cohérente, prévisible et répétitive, le bébé va ressentir qu’il est un bon bébé, valable, intéressant, et que c’est une bonne personne qui prend soin de lui. Ces images positives de lui-même et du monde qui l’entoure vont s’inscrire dans son cerveau limbique (là où se mémorisent les émotions). Si, par contre, il reçoit régulièrement des réponses inadéquates (biberon alors qu’il a envie d’un câlin ou a peur…) ou bien irrégulières, sans affection…, son cerveau va engrammer des images négatives de lui et du monde.
En famille d’accueil, il va falloir travailler à ‘’déprogrammer’’ ce qui a été encodé dans son cerveau, à savoir qu’il n’avait pas de valeur et/ou que les adultes n’étaient pas dignes de confiance, et encoder de nouvelles croyances. Cela ne sera possible qu’en lui permettant de vivre de façon répétée(des milliers de fois !) des expériences différentes ; il faudra de la patience, une relation longue et stable. (Voir le schéma du cercle de confiance ou cercle de l’attachement). Ne pas hésiter à chercher du soutien auprès de professionnels, d’autres familles d’accueil.
Des parents d’accueil nous contactent pour trouver des infos -et des solutions- pour leur enfant accueilli souffrant de troubles de l’attachement. Vous trouverez ici un dossier de base ainsi que les références d’autres articles de notre périodique et une bibliographie. Et comme l’attachement se construit à travers les réponses adéquates aux besoins de l’enfant, vous trouvez également la synthèse d’une formation donnée par le Dr BOUTSEN à propos des besoins émotionnels des enfants.